Boris Egorov

Publié le par jijiaile


Le 9° cosmonaute, Boris B. Egorov,
est né le 26 novembre 1937 à Moscou (Terre). Durant son adolescence, il fait preuve d’une ingéniosité sans pareille pour automatiser les tâches de la vie quotidienne. Il transforme sa chambre en laboratoire équipé de commutateurs, de leviers et de moteurs électriques. Ses copains n’arrêtent pas de lui répéter que c’est une chambre de fainéant. On les comprend car Boris peut, depuis son lit, actionner les commandes d’un boîtier pour ouvrir et fermer la lumière et la fenêtre, mettre en marche et arrêter la radio et le réchaud électrique.

A la fin de ses études secondaires, Egorov veut s’orienter vers la branche médicale, comme son père neurochirurgien éminent et sa mère ophtalmologiste. Il s’inscrit en 1955 au Premier Institut de Médecine Sechenov de Moscou mais c’est en troisième année qu’il va mettre à profit son esprit d’invention, en s’engageant dans le domaine de l’appareillage médical. Il crée ou améliore des instruments ultrasoniques de diagnostic et de traitement des maladies. Il perfectionne notamment une sonde de la taille d’un comprimé que le malade avale et qui va diffuser des ondes radio pour faire connaître l’état de son estomac.

Alors qu’il commence sa cinquième année et qu’il doit choisir sa spécialité, Egorov tombe par hasard sur un article de journal relatant le possible comportement du corps humain lors des futurs vols à haute altitude et dans le Cosmos. C’est décidé ! Il sera médecin en aérospatiale. Il suit alors des cours théoriques et des stages pratiques dans des établissements de recherche scientifique. Son plus grand centre d’intérêt est le fonctionnement de l’appareil vestibulaire de l’homme constitué de l’oreille interne, organe de l’équilibre qui peut être perturbé par les conditions particulières de vol rencontrées par les pilotes de chasse et les cosmonautes.

Il propose donc des méthodes pour qu’il soit mieux étudié et il met au point un équipement chargé de recueillir les réactions du cerveau dans les situations simulant celles d'un vol en apesanteur. Egorov recherche les causes des troubles moteurs de l’oreille interne dans un laboratoire de l’Académie des Sciences et dans les unités des Forces Aériennes. Sa rencontre émotionnelle avec le milieu spatial se passe en 1960 à l’Institut Central de la Médecine Aérospatiale qui suit les candidats cosmonautes. Son premier patient est Komarov qui sera, quatre ans plus tard, son commandant lors du vol Voskhod 1.

En 1961, Egorov quitte après six ans d’études et avec son diplôme, le Premier Institut de Médecine pour entrer à l’Institut Central de la Médecine Aérospatiale où il a été stagiaire. Il est alors mis à la disposition du programme spatial. Après un entraînement poussé de parachutisme dont il est déjà amateur, il est sélectionné comme médecin-parachutiste, afin de secourir les cosmonautes s’ils atterrissent très loin de la zone de récupération prévue. Egorov fait partie aussi de l’équipe de docteurs qui observe les cosmonautes dans la centrifugeuse, dans la chambre thermique et dans la chambre sourde. Il est désigné également pour examiner à la Cité des Etoiles, l’état de santé de chaque cosmonaute au retour de leur vol spatial.

Il espère qu’un jour, il reviendra à son tour du Cosmos. Il se confie à son père qui en parle à Korolev, le Directeur du programme spatial, à l’occasion d’une entrevue. Après la mission Vostok 6 de Valentina Terechkova en juin 1963, il est prévu de lancer quatre autres Vostok en attendant que le nouveau vaisseau Soyouz soit prêt. Les autorités médicales souhaitent que le spécialiste de la médecine spatiale Egorov, bien qu’il ne soit pas encore incorporé dans le Corps des Cosmonautes, occupe un des Vostok pour une mission biomédicale de sept jours.

Mais en février 1964, on décide de ne pas continuer le programme Vostok et d’adopter une autre stratégie. Il apparaît en effet, que la cabine biplace américaine Gemini sera en mesure d’emporter un premier équipage début 1965, alors que le Soyouz triplace ne pourra pas être mis en orbite à cette date. Le dirigeant politique Khrouchtchev désireux que l’Union Soviétique décroche encore une " première spatiale ", donne l’ordre à Korolev de transformer le Vostok monoplace en un nouveau vaisseau triplace, baptisé Voskhod, avec pour objectif que le premier vol d’un équipage intervienne avant celui de Gemini. Le Ministère de la Santé demande par ailleurs qu’un médecin en fasse partie.

Une seconde chance se présente à Egorov qui pose sa candidature, malgré cette mission à haut risque pour l’époque. Afin d’abriter trois cosmonautes, l’unique siège éjectable a été supprimé et si une défaillance de la fusée survient dans les 45 secondes qui suivent son décollage, Egorov sait qu’il perdra la vie car la trop basse altitude ne permettra pas au parachute de la cabine détachée du lanceur, d’avoir le temps de se déployer. De plus, il ne pourra pas porter de scaphandre toujours en raison de l’exiguïté de l’habitacle pour trois personnes et il est conscient qu’il sera, tout le long du vol, à la merci d’une dépressurisation accidentelle, entraînant sa mort.

En mai 1964, Egorov est admis à l’âge de 27 ans avec trois autres docteurs dans le groupe de cosmonautes. Il est d’une nature aimable, animé d’une joie de vivre. Il pratique le parachutisme et l’alpinisme, la chasse sous-marine et la moto, le tennis et le hockey sur glace. Il aime écouter de la musique et admire les tableaux des peintres.

Egorov, le médecin civil, commence son entraînement mais le général Kamanine, le Chef des Equipages, constate que son comportement lors des tests en apesanteur simulée n’est pas aussi satisfaisant que celui de Lazarev, le médecin militaire. Il propose donc ce dernier comme passager de Voskhod 1. Pendant un mois, Egorov craint que son rêve ne se réalise pas, mais Korolev va exiger que l’équipage commandé par un pilote militaire, comporte deux civils dont un médecin. Kamanine s’incline et Egorov est retenu.

Du 12 au 13 octobre 1964, à bord de Voskhod 1 (5,32 tonnes/5,42 mètres), Egorov effectue son unique vol autour de la Terre en 1 j 17 mn, avec le commandant de bord Komarov et l’ingénieur-scientifique Feoktistov. C’est le premier vol d’un médecin et d’un vaisseau multiplace.

Au début de la deuxième révolution, Egorov va analyser mieux que personne ce qui lui arrive. Il a l’impression d’avoir le visage en feu car une partie de sa masse sanguine libérée de l’influence de l’attraction terrestre a abandonné la partie inférieure de son corps et s’est installée dans la partie supérieure. Ensuite, il ressent la fâcheuse sensation de voler la tête en bas car l’absence de pesanteur empêche les cristaux d’otolithes de son oreille interne de tomber sur la membrane qui doit informer le cerveau du sens de la verticale.

Egorov peut, malgré cette gêne, réaliser ses investigations médicales sur lui-même et sur ses compagnons. Il enregistre des électrocardiogrammes et des électro-encéphalogrammes. Il écoute la respiration et mesure la sensibilité des yeux. Il fait des prises de sang et surtout, il accorde une attention particulière à l’appareil vestibulaire de l’oreille interne. Il note la capacité de travail et réalise des tests de réflexion. Il est à la fois médecin et patient.

 Après son vol, Egorov ne cherche pas à revoler dans l’Espace, car ses collègues attendent leur tour pour une hypothétique mission qui pourrait nécessiter la présence indispensable d’un docteur. Il réintègre l’équipe des médecins afin d’examiner les cosmonautes Beliaïev et Leonov, de retour sur Terre en mars 1965 à bord de Voskhod 2. Il travaille aussi à l’Institut de Médecine, sur les problèmes biomédicaux et il prépare sa thèse de docteur en médecine qu’il présente avec succès en 1965 à l’Université Humboldt de Berlin-Est.

En septembre 1965, il est un des négociateurs qui interviennent auprès de Kamanine afin que la mission de 20 jours de Voskhod 3 sur laquelle il travaille, soit avancée à la mi-novembre, avant le vol américain de 14 jours de Gemini 7 de décembre 1965. Kamanine refuse car le délai de préparation est trop court. Egorov doit superviser auparavant la mission de biologie Cosmos 110 réalisée en février 1966 avec deux chiens qui reviennent après un vol de 22 jours, en prélude au lancement de deux cosmonautes sur Voskhod 3. Mais cette mission et les trois suivantes sont annulées en mai 1966. Les autorités estiment que ces vols vont retarder le programme Soyouz et surtout montrer aux Occidentaux que le Voskhod est incapable de réaliser des manoeuvres et des arrimages, comme la Gemini américaine.

En novembre 1966, Egorov assiste avec d’autres cosmonautes au lancement de Cosmos 133, le premier vaisseau Soyouz inhabité. Il poursuit sa carrière et obtient en 1967 un diplôme en sciences médicales puis devient un spécialiste d’oto-rhino-laryngologie. Il se rend en décembre 1968 à Genève, pour le 20° anniversaire de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui organise une conférence sur le thème " La physiologie de l’homme dans l’Espace ".

Egorov continue à participer au programme spatial, en préparant le vol de longue durée de Soyouz 9 de 1970, puis les missions Soyouz 10 et 11 de 1971 à destination de la station Saliout 1. En 1974, il est employé à l’Institut des problèmes biomédicaux du Ministère de la Santé et deux ans après, il reçoit son doctorat en sciences médicales. Il est nommé en 1984, professeur de médecine et directeur de l’Institut de technologie biomédicale au Ministère de la Santé, jusqu’à son départ en 1989. Egorov décède le 19 septembre 1994 à l’âge de 57 ans, foudroyé par un infarctus.

Publié dans cosmonautes

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