Gordon Cooper
Le 6° astronaute, Leroy Gordon (Gordo) Cooper Jr., est né le 6 mars 1927 à Shawnee (Terre). A l’âge de 14 ans, il prend déjà des cours de pilotage. En 1946, il rentre à l’Université d’Hawaï qu’il quitte au cours de l’année 1949 pour commencer son entraînement de pilote de chasse dans l’US Air Force. De 1950 à 1954, il est affecté en Allemagne de l’Ouest et vole sur des F-84 et des F-86. De retour aux Usa, Cooper est admis à l’Institut de Technologie de l’Armée de l’Air à Dayton et deux ans après, il est licencié en aéronautique. En 1956, il se trouve à l’Ecole des Pilotes d’Essai d’Edwards où il devient ingénieur-pilote, chargé de préparer et d’expérimenter de nombreux avions dont le F102A et le F106B.
En avril 1959, Cooper fait partie de la 1ère équipe d’astronautes à l’âge de 32 ans. C’est un solitaire, au franc-parler, qui aime pêcher. Sa confiance en lui repose sur ses capacités d’aviateur-né, mais on va lui reprocher son absence de respect pour la hiérarchie.
Cooper contrarie la Nasa lorsqu’il se plaint devant les journalistes des moyens mis en œuvre pour l’entraînement. Il scandalise la Nasa et frôle l’interdiction de vol sur la dernière Mercury lorsqu’un jour, il réussit à atterrir et à décoller d’une piste classée trop courte pour le F-102 qu’il pilote. Deux jours avant son décollage, Cooper se rend à Cap Canaveral et passe le mur du son avec son F-102 au-dessus de la base, pour annoncer son arrivée. Les bâtiments sont secoués par la déflagration et Williams, le directeur des opérations, veut le remplacer. Sa colère est apaisée par Slayton, le Directeur des équipages pour qui Cooper est avant tout un pilote exceptionnel.
Du 15 au 16 mai 1963, à bord de Mercury 9 (Faith 7 : 1,37 tonne/3,34 mètres), Cooper accomplit un 1er vol de 1 j 10 h 19 mn. Il reste détendu et il consomme si peu d’oxygène que son collègue Schirra le prie d’arrêter de retenir sa respiration. Cooper réalise ses observations dont les commentaires enchantent les responsables. Lors de la 19° des 22 orbites prévues, un voyant s’allume sur le tableau de bord de la cabine et sur le panneau du contrôleur de vol qui lui demande s’il entame sa descente vers la Terre. " Et ta sœur ? " lui répond Cooper. Un système électrique en court-circuit vient de donner l’ordre aux gyroscopes d’orienter la capsule pour le déclenchement des rétrofusées. Cooper le neutralise.
A la 20° orbite, il ne peut plus contrôler les instruments qui indiquent la position de la Mercury. A la 21° orbite, un autre court-circuit prive de courant le système de pilotage automatique chargé du retour sur Terre. Cooper déclare : " On dirait qu’on a un petit problème. J’ai bien l’impression qu’il va falloir que je m’en sorte tout seul ". Il réussit alors manuellement à orienter l’angle d’attaque de la cabine, à la stabiliser, puis il allume les rétrofusées. Il amerrit avec une telle précision que les contrôleurs sont impressionnés. C’est la plus longue mission Mercury et le Français Henri Salvador lui consacre une chanson qui a pour titre : "Dis, M. Gordon Cooper ?"
Après son vol, Cooper participe à des courses automobiles que la Nasa lui interdit rapidement car elle juge cette activité trop dangereuse.
Du 21 au 29 août 1965, Cooper réalise sa 2° et dernière mission de 7 j 22 h 55 mn à bord de Gemini 5 (3,60 tonnes/5,74 mètres) autour de la Terre, en compagnie de Conrad. Il devient le premier astronaute mis sur orbite à deux reprises. Pour la première fois, un vaisseau emporte une pile à combustibles qui fournit de l’électricité et de l’eau, nécessaire pour les longs vols. Dès la première orbite, la pression du réservoir d’oxygène de la pile baisse, entraînant une diminution de la puissance électrique.
La Nasa décide le retour de l’équipage. Puis, la pression du réservoir se stabilise et remonte lentement. L’autorisation est donnée de continuer le vol pour une durée de 24 heures, renouvelable. Conrad craint que la mission se termine, mais Cooper le rassure : " Oh ! Mais non, nous ne descendrons pas avant l’heure fixée ! ". Pour économiser de l’énergie, le rendez-vous avec le satellite Rep, largué auparavant, est annulé.
De nombreuses expériences sont à réaliser et Cooper annonce à son collègue au Centre de contrôle : " Mon cher McDivitt, tu ferais bien de dire aux gens qui ont préparé le plan de vol qu’ils nous donnent un peu trop à faire. Nous n’avons même pas pu faire le ménage à bord. Il y a des tas de bidules qui flottent autour de nous ". Puis, deux soupapes des éjecteurs de carburant du système d’orientation de la cabine se bloquent et du combustible se perd. Le reste du vol doit alors se faire en vol libre et les observations qui nécessitent une orientation de la capsule, sont annulées.
La pile à combustibles produit trop d’eau et pour éviter qu’elle soit noyée, Cooper la met en veilleuse. La consommation d’énergie est donc considérablement réduite et, lorsque le chauffage est débranché, la température tombe au-dessous de 0°. Le dernier jour du vol, l’équipage dialogue avec leur collègue Carpenter à bord du laboratoire sous-marin SeaLab II. Malgré les incidents, le vol établit un record de durée équivalent à un aller-retour Terre-Lune.
Peu après, Cooper retombe dans sa passion pour la compétition automobile. Il irrite la Nasa car il persiste à ignorer les directives officielles. Slayton le nomme néammoins remplaçant éventuel du commandant de Gemini 12 de novembre 66, puis commandant de réserve de l’équipage d’Apollo 10 de mai 69. Mais Cooper ne semble pas trop motivé dans son entraînement comme doublure et il continue de courir, au mépris du règlement. Un équipage de réserve devenant équipage principal, la logique aurait voulu que Cooper soit désigné commandant d’Apollo 13. C’est Shepard, de retour dans le Corps des Astronautes, qui est proposé à sa place en juin 69, avant que son équipage soit transféré sur Apollo 14. Ce changement est, pour lui, une injustice. Il intervient auprès du quartier général de la Nasa, mais l'Agence spatiale a décidé de ne plus lui pardonner ses écarts. Slayton le prend alors comme assistant sur le programme de station Skylab.
En juillet 1970, Cooper part de la Nasa pour créer la Gordon Cooper and Associates, une firme consultante spécialisée dans l’aérospatiale, les lignes aériennes et l’hôtellerie. Il est aussi Président de la National Exhibits, un centre d’exposition. Il devient également en 1973, Vice-président de la Craftech pour la construction de bâtiments à coût économique et de la Walt Disney Enterprises, chargé de la recherche et du développement. Il est également membre du conseil d’administration de sociétés d’urbanisme, de commerce et de technologies avancées. " Gordo " nous quitte le 4 octobre 2004, à l'âge de 77 ans.